HISTOIRE DU VILLAGE DE SAINT-HILAIRE - 31
Il y a très longtemps
Plus tard
Le village se serait appelé Sant-Alari, puis Saint-Hilaire, du nom d’un évêque de Poitiers du VIème siècle. (cela semble contesté aujourd’hui…).
Mais, Alari est peut-être la forme Occitane du français Hilaire ou est-ce une référence à un Wisigoth nommé Alaric ? (les Wisigoths avaient fait de Toulouse leur capitale).
Le hameau de Villeneuvette constituait une entité autonome dirigée par un seigneur. Jusqu’à la Révolution, deux familles des domaines du Soulé et du Galant fournirent des Capitouls (les Consuls du Parlement de Toulouse) : les “de Vaysse” et les “Mansencal”.
Le plus célèbre d’entre eux, Jean de Mansencal fut Premier Président du Parlement de Toulouse et posa la première pierre du Pont Neuf de Toulouse.
Époque contemporaine
En 1912, Saint-Hilaire compte 215 habitants et on y trouve :
- deux aubergistes cafés-limonadiers
- un marchand de bestiaux
- un boucher
- un boulanger
- un chaisier
- un coiffeur
- deux couturiers
- deux épiciers-merciers
- un forgeron maréchal-ferrant
- un marchand de fourrage
- un menuisier-ébéniste
- deux repasseuses
- un courtier en vins
On retrouve les traces de ce peuple, depuis son implantation jusqu’à nos jours, dans les noms des lieux-dits, fermes, … Pètelèbe, le Merle, Hurguet, Berniche, le Castellan, le Galant, le Soulé, las Graous, las Troncas, Bordeneuve, la Monde, Camp de Castets, le Barricaut, le Charrot, Espérès, la Baylacque, … ne parlons pas de Torrohaous ! sur la commune du Fauga, dont le nom seul dit à quel point il a du faire froid dans ces lieux ! (en Occitan cela signifie que les fèves y gèlent, ou y ont gelé ! Et pour que cela arrive, le froid a dû être particulièrement sévère !).
Tous ces noms sont empreints d’une langue et d’une civilisation qui ont marqué notre histoire et celle des autres provinces Occitanes du Val d’Aran (Espagne) et du Val d’Aoste (Italie). Cette dernière fut le refuge des derniers Cathares poursuivis et martyrisés par l’Inquisition.
Aujourd’hui, Saint-Hilaire compte environ 1078 habitants et ne cesse de grandir. La proximité de Muret et de ses nombreux services, celle de Toulouse facilement joignable par l’autoroute, … sont peut-être les raisons du manque de commerces de proximité. Les projets d’aménagement du village à moyen terme vont tenter de corriger ces carences par la création d’espaces destinés à l’accueil de commerçants.
L'Abbaye de l'Oraison-Dieu
L’ordre Cistercien apparu en 1098, prend rapidement un essor considérable. Des abbayes sont construites dans toute l’Europe.
La fondation de l’Abbaye de l’Oraison-Dieu se situerait entre 1119 et 1136. D’autres documents la situent plutôt à la fin du XIIème siècle.
Toutefois, ce sont des moniales du monastère de la “Lumière-Dieu” de Fabas (Haute-Garonne) établi avant 1150 qui vinrent créer l’abbaye de “l’Oraison-Dieu”. Celle-ci prospère de façon importante grâce aux dons et à l’origine noble des 23 religieuses qui y étaient établies. Les dons et legs affluent : moulins et fours de la ville de Muret, terres à Ox “d’une grande contenance” (selon les textes de l’époque), maison à Muret, 100 marcs sterling légués par Raymond VII, comte de Toulouse.
Après avoir subi les agressions liées à la “Guerre des Albigeois” (que nous appellerions volontiers “l’Epopée Cathare” (comme l’a nommée l’auteur de l’ouvrage portant ce titre), les pillards et les “routiers” anéantirent, pillèrent et brûlèrent l’Abbaye de Saint-Hilaire en 1442.
Les religieuses survivantes s’installèrent à Muret et leurs biens, très importants, furent annexés par l’Abbaye cistercienne de Eaunes qui en vendit une grande partie pour acquitter leurs dettes personnelles.
L’acheteur fit bâtir, sur les lieux mêmes de l’ancien monastère, une métairie qui prit le nom de “l’Oraison-Dieu”.
Celle-ci subsistera jusqu’à une époque assez récente.
La fondation de l’Abbaye de l’Oraison-Dieu se situait à proximité de la Louge : quelque part à proximité de Bordeneuve. Mais il n’est pas possible d’en dire plus.
Pourquoi n’y a-t-il pas plus d’informations concernant l’Abbaye de Saint-Hilaire dont certains historiens, anciens ou modernes semblent ignorer jusqu’à son existence, alors que les fondations cisterciennes sont nombreuses dans le diocèse de Toulouse?
L’Oraison-Dieu fut une abbaye de femmes, moniales d’origine noble.
Les troubadours feront progresser l’image de la femme et sa reconnaissance dans la société du XIIème siècle finissant.
Chronique du passé
D’après un article de Gérard Prin, publié dans l’écho de Saint-Hilaire paru en Avril/Mai 2002:
Vers 1880, l’instituteur de Saint-Hilaire se nommait M. Doumenjou. Il eut la bonne idée d’effectuer un petit reportage sur Saint-Hilaire. J’ai retrouvé aux Archives Départementales, le texte manuscrit, à l’encre et à la plume, avec, comme il se doit, les pleins et les déliés. Je vous livre quelques éléments de ce texte:
- Urbanisme:
Les maisons sont bâties de chaque côté des chemins, elles sont en général basses, construites en briques cuites, chaux, cailloux, sables, briques crues…
L’église, bâtie il y a vingt ans est dépourvue de clocher et se trouver au centre du village. A droite de cet édifice est située à la belle école de garçons construite en 1878. A gauche de l’église, il y a une école libre de filles construite en 1865. - Agriculture:
Chaque hectare rapporte, en moyenne, 25 hectolitres de froment et 34 d’orge. - Commerce et industrie:
Un moulin sur la Louge qui, depuis quelque temps, ne travaille plus beaucoup. - Administration communale:
La commune a un maire, un conseil municipal composé de 10 membres, y compris le maire et l’adjoint.
Extrait de la “Revue Historique de Toulouse – 1923″
que Gérard Prin a publié dans l’Echo de Saint-Hilaire du mois d’avril 2003:
En 1657, il y avait au lieu de “Saint Hilaire près Muret”, une bande composée d’hommes et de femmes “soy disant boèmes”, qui se livraient à toutes sortes d’excès dans le pays, pillant de nuit et de jour, attaquant et dépouillant les voyageurs “de telle sorte que les sujets du roi ne sont pas assurés dans leurs maisons”.
Le Procureur général porta le fait à la connaissance de la Cour, le 21 août 1657. Il ajoutait dans sa requête que le sieur Joachin Despaigne, sieur du Solé [ndlr : aujourd’hui sans doute le Soulé] donnait retraite dans sa maison à ces malfaiteurs, et favorisait leurs désordres.
Il faisait encore observer que la terre de Saint Hilaire dépend de la juridiction de Muret, que la Cour, par plusieurs arrêts, a déjà fait défense à ces bohémiens de résider dans ce district, et que, enfin, plusieurs de ces bandits ont été condamnés aux galères et échappent à toute sanction.
La Cour, dans la même audience, ordonna la capture de ces “soy disant Egixptiens ou Boismes” [ndlr : gitans et bohémiens] qui seront attachés à la chaîne avec les autres galériens, pour six ans.
Elle leur fait encore défense de s’attrouper “ni habiller en Boismes, de porter les cheveux longs, dans le ressort de la Cour, sur peine de la vie” [ndlr : risque de peine de mort].
Elle dit enfin que contre Despaigne [ndlr : Despaigne, D’Espagne, cette famille Despaigne ne paraît pas de rattacher à la grande maison d’Espaigne], il sera ouvert une information dont nous ne savons rien.